Révision constitutionnelle :  » Envisager une telle initiative en période d’agression serait une grave erreur; j’espère que le Président Tshisekedi n’y pensera pas  (Jean-Claude Katende)

Dans le contexte actuel de crise sécuritaire en République Démocratique du Congo (RDC), la question d’une révision constitutionnelle suscite de vives préoccupations. Jean-Claude Katende, président de l’Association Africaine de Défense des Droits de l’Homme (Asadho), l’homme qui attaquait l’ancien président de la République Joseph Kabila Kabange,  a exprimé son opposition à cette initiative, apprend-t-on dans l’APA de ce lundi , 23/09/2024, en soulignant les dangers qu’elle pourrait engendrer. Dans un message publié sur X, Katende a averti que proposer une révision de la Constitution en période d’agression serait non seulement imprudent, mais pourrait également servir de prétexte à ceux cherchant à déstabiliser le pays. Il a souligné que la RDC fait face à des défis majeurs, notamment les tensions dans l’Est, où des groupes armés menacent la paix et la sécurité des citoyens. Katende a appelé le Président Félix Tshisekedi à ne pas envisager cette initiative, arguant que les priorités actuelles devraient se concentrer sur la stabilisation du pays et le renforcement des institutions démocratiques. Selon lui, la Constitution en vigueur ne constitue pas un obstacle à la mise en œuvre des promesses du président, et toute tentative de modification pourrait exacerber les divisions politiques et sociales déjà présentes. L’ancien Premier ministre Adolphe Muzito a récemment proposé l’idée d’un dialogue national pour la rédaction d’une nouvelle Constitution. Cependant, cette suggestion divise l’opinion publique et politique. Tandis que certains soutiennent la nécessité d’une réforme institutionnelle, d’autres, comme Katende, craignent que cela détourne l’attention des véritables enjeux sécuritaires et ne compromette la stabilité du pays. APA/TOPINFOS.

Trente jours d’état de siège : un saut vers l’inconnu

Mardi 6 mai 2021, un jour qui fera date. Le président de la République décrète l’état de siège dans les provinces orientales du pays : au Nord-Kivu et en Ituri.

Le président de la république, Félix Tshisekedi/Ph Présidence

Le président de la république, Félix Tshisekedi/Ph Présidence

L‘Histoire nous apprend que, bien souvent, on connaît la date du début des états d’exception, de siège ou d’urgence.  Leur levée est aléatoire. Ainsi, après l’assassinat du président égyptien Anouar el-Sadate au cours d’un attentat audacieux, il fut décrété un état d’urgence qui dura trente et une années. S’agissant des provinces troublées de l’Est, des paramètres objectifs tendent à avancer que trente jours calendriers ne suffiraient guère à traiter l’épineux problème d’insécurité. Il y a d’abord cette donne essentielle: l’insécurité est permanente dans la région depuis la « guerre de libération » déclenchée en octobre 1996. En vingt-quatre années, l’insécurité s’est installée et incrustée.

Inversion des valeurs 

Puis, il y a l’état psychologique des habitants : la déliquescence de l’Administration publique a favorisé des comportements délictueux, une inversion des valeurs. On tue sans état d’âme ! La peur ambiante a engendré des comportements de la jungle. Plus grave, c’est l’économie mafieuse qui domine les secteurs classiques. Jadis, la région était réputée pour ses activités agricoles et d’élevage générant profits et emplois à foison.

L’insécurité entraînant des déplacements massifs des populations a rompu les équilibres fragiles de cohabitation ethnique et sociale. La découverte des gisements d’or et du coltan a aggravé situation : des millions de bras jadis utilisés dans l’économie formelle se sont déversés dans l’exploitation anarchique des minerais. Des grandes aires du pays sont devenues des zones de non-droit. Parfois, avec l’aide intéressée…des troupes de FARDC et de la MONUSCO !

Tout le monde se paie sur la bête

Au regard de toutes ces contingences, trente jours ne suffiront point à ramener la sécurité  dans la contrée. Ajoutez-y l’étendue du territoire, la forêt dense et  « impénétrable » de l’Ituri ainsi que les montagnes peu propices aux manœuvres des armées classiques, le manque de routes et ponts, le sous-équipement chronique des FARDC, l’absence d’une logistique adaptée

DRK Symbolbild FARDC

. Bref, l’état de siège a du plomb dans l’aile. Il faut se préparer au scénario suivant. Mise en place : un mois; renseignements et cartographie: un mois; opérations proprement dites : trois mois; ratissage : trois mois; identification et recensement de la population : quatre mois; redéploiement des troupes et du matériel : trois mois; transfert de l’Administration publique aux Autorités civiles : trois mois. Sans compter avec les aléas de la guerre. A vos calculettes ! Une donnée incontournable : la levée du moratoire sur l’application de la peine mort, seule arme capable d’instiller, en retour, la peur à  ceux qui décapitent leurs victimes et publient les images. Pour faire peur. La République ne dispose pas des structures médicales spécialisées dans le deprogramming  des grands criminels, ni pour la rééducation des inciviques notoires ayant pris goût à trucider leurs semblables. Psychologiquement, s’entend.      M.J.M.